Le 16 février 2021, le président Paul Biya a signé un décret, autorisant le ministre de l’Economie, du Plan et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey, à signer « avec la Standard Chartered Bank de Londres et BPI France Export, une convention de crédit d’un montant de 84 101 978,98 euros, soit environ 55 166 693 111 de Francs CFA, pour le financement du projet d’achèvement des travaux du complexe sportif d’Olembé ». Financièrement à bout de souffle, l’entreprise Magil estimait alors qu’il lui fallait 17 milliards de F pour terminer le chantier à elle confié en décembre 2019 après l’éviction par le gouvernement de l’italien Gruppo Piccini.
En plus des 55,17 milliards F obtenu auprès de la Standard Chartered Bank, un crédit de 19 milliards de F a également été contracté auprès de la CCA Bank le 23 mars 2021. C’est en tout cas ce qui ressort d’un rapport de la Caisse autonome d’amortissement (CAA). Un prêt contracté discrètement. Le secret a été minutieusement conservé par toute la chaîne de travail autour du complexe sportif d’Olembé. « Cet argent est rentré dans le financement des fonds de contrepartie du coût résiduel d’achèvement du complexe sportif », renseigne une source ayant requis anonymat. Une bouffée d’oxygène qui a profité à l’entreprise canadienne Magil. Malgré toutes ces rallonges, les travaux piétinent sous le regard complice du ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep).
Pour justifier le huis clos imposé à la rencontre inaugurale du Stade d’Olembé, Cameroun-Malawi (2-0) du 3 septembre 2021, comptant pour la première journée des éliminatoires de la Coupe du Monde Qatar 2022 dans le groupe D, le Minsep a brandi d’imaginaires « protocoles sanitaires anticovid de la CAF et de la FIFA » dans un communiqué signé la veille. Dans la même journée, et à la surprise générale, Véron Mosengo-Omba, le secrétaire général de la CAF, annonçait à la Fécafoot que « L’autorisation de jouer le match en question au stade d’Olembe a été donnée sur la base d’informations tronquées, qui ne rendaient pas compte du fait que le stade en question est encore à ce point en chantier que l’accueil d’un match international comptant pour les éliminatoires de la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022 n’est en principe pas possible ». En promettant évaluer les responsabilités de ses émissaires chargés de l’homologation du stade d’Olembé afin d’en tirer des conclusions utiles, la CAF a prononcé « le huis-clos pour le match Cameroun-Malawi ». La rencontre s’est finalement jouée en présence d’un maximum de 50 spectateurs dans le carré VIP du stade.