Alors que l’aide au développement américaine est très importante en Afrique pour le compte de l’année 2024, près de 4 milliards de dollars, une question taraude les esprits. Les économies africaines seront-elles affectés par le protectionnisme à la Trump ? L’augmentation des droits de douanes de 10 voire 20 % aura nécessairement des conséquences. Toutes les importations américaines seront touchées et les produits africains ne devraient pas échapper à la règle. Les véhicules sud-africains, les diamants du Lesotho, les hydrocarbures comme le pétrole brut du Nigeria ou certains minerais : si Donald Trump applique son programme, les droits de douane augmenteront sur tous ces produits.
Si l’on tient compte du poids des exportations dans le PIB des pays, le Lesotho, Madagascar, le Ghana, la Libye et l’Afrique du Sud seraient les plus touchés selon une étude du cabinet indépendant Global Sovereign Advisory publiée quelques semaines avant l’élection. En 2017, lors de la première élection de Donald Trump à la Maison Blanche, les mesures protectionnistes ne concernaient qu’un petit nombre de produits. Les effets avaient donc été très faibles pour l’Afrique. Là, encore une fois, si Trump fait ce qu’il dit, ça sera plus dur à supporter.
Les incertitudes concernent également l’avenir des accords commerciaux et en particulier le principal accord : l’African Growth and Opportunity Act plus communément appelé l’Agoa et qui permet aux pays africains d’exporter vers les États Unis sous conditions.
Donald Trump ne s’en cache pas, il est sceptique sur ces cadres multilatéraux. En 2018 il avait déjà suspendu le droit du Rwanda d’exporter des vêtements via l’Agoa. Une sanction envers Kigali qui avait décidé d’augmenter les droits de douanes sur les importations de fripes. Donald Trump utilise cet accord commercial pour faire pression sur les pays bénéficiaires… qui sont d’ailleurs régulièrement soumis à une réévaluation.
Le programme arrive à échéance en septembre 2025, et certains experts s’inquiètent. Donald Trump n’a rien spécifié durant sa campagne, mais il pourrait tout à fait décider de modifier l’Agoa qui générait l’année dernière quasiment 50 milliards de dollars d’échanges commerciaux.
Il y aura aussi des conséquences indirectes, notamment si la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s’intensifie. Des droits de douanes massifs sont attendus sur les produits chinois vendus aux États-Unis. Et l’effet mécanique est le suivant : ralentissement de l’économie chinoise donc les pays africains qui exportent beaucoup vers la chine pourraient être affectés. Là, les économistes parlent de pays, comme l’Angola ou la République démocratique du Congo qui exportent leurs minerais vers la Chine.