Le parquet financier britannique a récemment annoncé engager des poursuites contre cinq anciens salariés de Glencore. La multinationale de négoce, courtage et extraction de matières premières a déjà plaidé coupable en tant qu’entité auprès des justices américaines et britanniques en 2022. Elle a été, pour cela, condamnée à des amendes records. Cette fois, cinq individus dont l’ancien patron de Glencore sont accusés nommément de corruption d’agents publics au Cameroun pour obtenir des contrats pétroliers entre 2007 et 2014.
Parmi les cinq inculpés, le milliardaire Alex Beard, ancien responsable pétrolier de Glencore qui a fait fortune quand l’entreprise a été cotée en bourse à Londres en 2011. Le Serious Fraud Office (SFO) britannique l’accuse d’avoir conspiré pour verser des pots-de-vin à des fonctionnaires des gouvernements camerounais, entre 2007 et 2014, et nigérians, entre 2010 et 2014, ainsi qu’à des employés des sociétés pétrolières publiques de ces deux pays en vue de l’obtention de contrats.
L’autre ancien haut cadre de Glencore, Andrew Gibson, à être poursuivi, était pendant des années l’adjoint d’Alex Beard. Les trois autres ex-employés poursuivis sont accusés d’avoir participé activement à ce système de corruption qui a également touché la Côte d’Ivoire. Selon le SFO, Andrew Gibson et Martin Wakefielf sont aussi inculpés pour la falsification de factures adressées au bureau londonien de Glencore. Des factures présentées comme des frais de service auprès d’un cabinet de conseil pétrolier nigérian, de 2007 à 2011.
Selon le SFO du Royaume-Uni, entre 2012 et 2015, plus de 7 milliards de F en espèces transportés périodiquement à bord de jets privés ont été utilisés pour corrompre les responsables des sociétés pétrolières et gazières au Cameroun. Après le parquet financier britannique, Adolphe Moudiki, administrateur-directeur général (Adg) de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), appelle le Tribunal criminel spécial (TCS), juridiction spéciale camerounaise, à rentrer en jeu.
L’Adg de la SNH a d’ailleurs introduit une plainte devant le TCS aux fins d’identification des complices camerounais des actes de corruption des employés de Glencore. Le vœu ainsi formulé par Adolphe Moudiki, dans un communiqué de presse rendu public le 2 août 2024, rejoint la volonté du chef de l’État, Paul Biya, qui a récemment autorisé le ministre d’État, ministre de la Justice, Laurent Esso, à solliciter la justice britannique pour obtenir les noms des responsables camerounais impliqués dans les actes de corruption commis par des dirigeants et employés de Glencore. En poursuivant désormais des individus et non plus toute l’entreprise, la justice britannique permettra sans doute que des noms soient révélés.