Silvio Berlusconi est décédé le 12 juin à l’hôpital San Raffaele de Milan, où il avait été admis vendredi dernier pour des «examens de contrôle». Il y avait déjà passé 45 jours entre le 5 avril et le 19 mai pour soigner une infection pulmonaire liée à la leucémie dont il était atteint. L’Italie perd l’homme le plus aimé et le plus détesté de son histoire contemporaine.
L’entrepreneur à succès et magnat des médias, trois fois président du Conseil, député, sénateur et europarlementaire a régné sur les scènes politique, médiatique, sportive et judiciaire durant plus de trois décennies. «Silvio Berlusconi a su interpréter les désirs et les aspirations d’une partie des Italiens qui, au fond, ont admiré son manque de scrupules et ses succès conquis en contournant les normes, sinon en les violant», analyse Alberto Martinelli, professeur de sciences politiques et sociales à l’Université de Milan.
Aîné d’une famille milanaise de la classe moyenne, animateur de croisière avant de se lancer avec succès dans l’immobilier puis dans la finance et dans les médias, président du club de l’AC Milan pendant 31 ans, Silvio Berlusconi avait fait une entrée fracassante en politique en 1994 en remportant les élections législatives avec son tout nouveau parti Forza Italia.
Quatre fois chef du gouvernement, député pendant 18 ans, élu européen à deux reprises et à nouveau sénateur, à l’âge de 85 ans, il avait fait un énième come-back en septembre 2022, toujours sous l’étiquette Forza Italia. Mais son assiduité à la chambre haute du Parlement était quasi nulle. Silvio Berlusconi, dont le parti appartient à la coalition soutenant le gouvernement de Giorgia Meloni, avait en effet multiplié ces derniers temps les séjours à l’hôpital.
Jusqu’au bout, les faits et gestes de Silvio Berlusconi furent scrutés, tant dans le domaine politique que pour les poursuites judicaires dont il faisait l’objet pour corruption, fraude fiscale ou prostitution de mineure. Père de cinq enfants issus de deux mariages, plusieurs fois grand-père, ce milliardaire hors du commun a occupé par ses frasques les Unes des journaux durant de longues années en raison d’une vie blingbling assumée, entre jets privés, villas somptueuses, divorces coûteux et très jeunes femmes invitées à des fêtes dans les années 2000.
Son dernier fait d’arme remonte à octobre 2022. Dans deux enregistrements audio rendus publics et alors que l’Ukraine fait face à l’invasion de la Russie depuis le mois de février, Silvio Berlusconi déclare avoir renoué le contact avec le président russe Vladimir Poutine. Un ami de longue date. Les deux hommes se sont rencontrés à de très nombreuses reprises lorsque le «Cavaliere» présidait le Conseil ; les échanges commerciaux entre les deux pays ont été multiplié par dix entre 1994 et 2004.
L’ancien président du Conseil explique par ailleurs que Vladimir Poutine a été «poussé» à envahir l’Ukraine. Des déclarations qui font tâche alors que sa formation politique, Forza Italia, doit prendre part au futur gouvernement de Giorgia Meloni. Quelques mois avant, il avait pourtant affirmé son soutien à l’OTAN, l’Union européenne et les États-Unis.